Independence Day

9 octobre 2014

Independence Day

Le 9 octobre, le pays où je vis fête son indépendance. « Happy Independence Day » disait ce matin ma voisine à son interlocuteur, au téléphone.

On se souhaiterait donc « Heureuse fête de l’indépendance ». Un peu comme « Joyeux Noël », »Bonne année », « Heureuse Pâques ». (« Bonne fête de la femme » – celui-là aussi je l’ai déjà entendu).

Je m’empresse donc de souhaiter, moi aussi, un heureux jour de l’indépendance ougandaise à tous les Ougandais que je croise. Mais que suis-je exactement en train de faire?

Leur rappeler qu’ils ont été colonisés? Les féliciter d’avoir échappé au joug impérialiste d’une nation plus riche et très gourmande? Les congratuler pour cinquante-deux ans d’autonomie? (Autonomie. Hmpf. Je ne veux pas être rabat-joie, mais le pays est encore largement arrosé par l’aide internationale). Ou simplement me réjouir avec eux d’une journée où Kampala respire mieux, ses routes habituellement congestionnées presque vides, ses taxis (mini-bus) généralement bondés plus légers, ses écoles où les enfants se pressent quotidiennement à plus de cinquante par classe fermées. Les oiseaux chantent. Comme tous les jours. Mais aujourd’hui, on les entend.

Et pour les Ougandais, justement, que signifie cette journée? Innocent Anguyo se l’était demandé aussi, l’an dernier, en allant interroger ses compatriotes à propos de cette fête (à lire ici)

Ma voisine, elle, n’a jamais fêté l’Indépendance. « Il y a des gens qui le font. Préparent un bon repas. Moi je ne l’ai jamais fait. » Quand elle souhaite une bonne fête de l’Indépendance à son amie, au téléphone, elle accorde alors peut-être simplement de l’importance à ce moment particulier, où deux personnes rentrent en contact – la salutation -, comme il est d’usage. Ou elle fait instinctivement référence à une réalité qui, si elle a beau être abstraite, les réunit. Quant à mon voisin, il n’a pas peur de l’affirmer: « Je fête Noël. Mais pas l’Indépendance. Les gens se détendent, c’est un jour de congé. Mais ils ne sont pas satisfaits du gouvernement, alors… »

Ca n’empêchera pas Museveni, en bonne compagnie, de prononcer son discours, devant ses bataillons d’hommes armés. Comme la semaine dernière, lorsqu’a été célébré le presque centenaire de la police ougandaise. La police. Que voulez-vous…

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